Incendies en Gironde : un pompier loirétain raconte le feu de l'action

25 juillet 2022

Kevin Porcheron, pompier volontaire au SDIS du Loiret, s’est battu contre le feu à La Teste-de-Buch du 14 au 20 juillet. Chaleur, sueurs froides, fumée, vent, fatigue… mais solidarité.

Incendie à La Teste-de-Buch

Des flammes de dizaines de mètres de haut, 21 000 hectares de forêt réduits en cendres, 36 000 évacués… impossible de passer outre aux incendies qui ravagent la Gironde depuis le 12 juillet. Face à l’ampleur des feux, qu’un vent indomptable au cœur d’une canicule historique attise, le service départemental d’incendie et de secours (SDIS) appelle en renfort les pompiers de la France entière. 2 000 soldats du feu braveront la fournaise à son zénith, à Landiras dans les terres, et à La Teste-de-Buch dans le bassin d’Arcachon. Parmi eux, l’adjudant-chef Kevin Porcheron, sapeur-pompier volontaire au SDIS du Loiret.

« Jamais je n’avais été confronté à de pareilles conditions », décrit le garde-feu de 35 ans à la carrure de rugbyman. Et pourtant, il n’a rien d’un bleu avec ses 18 années de volontariat dont neuf à la tête du centre de Jouy-le-Potier. « La chaleur nous prend le visage comme lorsque l’on ouvre un four et nous le rougit. On baigne littéralement de sueur dans nos combinaisons. Les projections d’eau de nos lances sur nos vestes sèchent en des nuées de vapeur d’eau. On suffoque à cause de la montagne de fumée [en l’atteste sa voix éraillée, NDLR]. Et, seule l’adrénaline nous tient debout lorsque nous avons trop à faire pour nous reposer. Il nous est arrivé d’attendre le feu jusqu’à 7h du matin au lieu des 17h prévues. »

De la ligne d'appui

Oui, car si ce n’était le noyage de sols carbonisés, là résidait la principale mission du chef d’agrès avec ses trois autres pompiers, veiller puis freiner l’arrivée de l’ennemi rougeoyant. Une fois à 150 mètres, parmi une ligne de front de 40 camions-citernes à perte de vue, ils ouvraient les vannes à l’unisson. « Nous reculions à mesure que le feu avançait, raconte Kevin. Parfois, il parvenait néanmoins à lécher les camions. De plus, avec la hauteur du brasier et les colonnes d’air chaud, des rapides brindilles enflammées atterrissaient derrière nous. Le vent virevoltant nous a aussi opposés à une forte adversité jusqu’à même renvoyer le feu en un demi-tour. » Le tout, sous 40 degrés caniculaires, un taux d’humidité dans l’air de 10% et un terrain difficile d’accès par son sable et sa végétation dense de pins combustibles. « J’affectionne particulièrement cette région, je m’y rends en vacances, alors avoir vu toutes ces cendres m’attriste, cette biche croisée en sens inverse aussi. »

La solidarité avec les pompiers du SDIS45

Cependant, de ce sombre tableau de désolation, Kevin en dépeint une touche de lumière. S’il hérite son engagement de celui de 50 ans combinés de ses parents, il affronte les flammes « pour aider les autres car j’aimerais que l’on m’aide ». Solidarité rendue. « La Mairie nous nourrissait, mais surtout les entreprises locales et les habitants. L’un d’entre eux, qui travaille dans le BTP, prenait tous les risques avec sa camionnette pour nous apporter de quoi manger la nuit en bordure de chemin. Il enchaînait ensuite toute sa journée de travail. D’autres encore préparaient des sandwiches au sein même du centre de commandement à l’hippodrome. Nous avions de la nourriture au-delà de notre faim ».

 

Kevin Porcheron, pompier au SDIS45

Tout juste rapatrié de l’incendie gardois à Bordezac, le pompier loirétain aura finalement bataillé six jours durant à La Teste-de-Buch, du 14 au 20 juillet, aux côtés de dix soldats du feu du Loiret soudés avec des compères du Loir-et-Cher. Kevin rentre armé d’une solide expérience au centre de Jouy-le-Potier, où il la partagera sans en user, espérons-le. Ici, ils ont traversé des feux solognots, les inondations de 2016 ou plus récemment la grêle.

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