Le dernier Samouraï est mort dans le Loiret

C’est à 88 ans, dans ce petit coin du Gâtinais qu’Alain Delon s’est éteint. 

Ses enfants, présents au moment de son décès ont publié, d’une seule voix, ce communiqué le matin du dimanche 18 août : « Alain Fabien, Anouchka, Anthony, ainsi que Loubo, ont l’immense chagrin d’annoncer le départ de leur père. Il s’est éteint sereinement dans sa maison de Douchy, entouré de ses trois enfants et des siens. L'acteur de Plein soleil et du Samouraï s’en est allé rejoindre Marie parmi ses étoiles si chères à son cœur. Sa famille vous prie de bien vouloir respecter son intimité, dans ce moment de deuil extrêmement douloureux. »

La mort de l’icône du septième art bouleverse la France entière et plus encore les Loirétains dont les habitants de Douchy-Montcorbon où il résidait. Dans ce village, tout le monde le connaissait : il mangeait au restaurant ; faisait ses courses... C’est en 1968 qu’Alain Delon découvre La Brûlerie, ce domaine de plus de cent hectares, isolé des regards et entouré de bois pour lequel il a eu un véritable coup de foudre : « J’avais toujours rêvé d’avoir une propriété close de murs, chez moi, bien tranquille », a-t-il confié, en 2011, à La République du Centre. Il l’achète, en 1971. Mireille d’Arc supervise les gros travaux : rase le château, ancien centre de vacances de la SNCF, y bâtit une demeure à leur goût, creuse un étang et installe une salle de cinéma, mais conserve les communs et écuries.
 

Naissance de ses deux derniers enfants dans le Loiret

Quelques années plus tard, l’acteur vit à La Brûlerie avec Rosalie van Breemen. Elle donne naissance, à la maternité de Gien, en novembre 1993, à Anouchka et, en mars 1994, à Alain-Fabien. 

Pendant quelques années, avant la séparation de leurs parents, ils vivent à Douchy une enfance heureuse. 

Le domaine loirétain, refuge et tombe d’Alain Delon

©P. R. Doumic

Si l’acteur a vécu à Paris et à Genève, c’est à Douchy qu’il souhaite être enterré : « C’est la maison de ma vie, où je veux finir mes jours, où je veux mourir. J’y ai fait construire une chapelle et j’y serai enterré au milieu de mes chiens. Les chiens, c’est toute ma vie », confiait-il, en 2011, à La République du Centre. Alors, il avait tout préparé en ce sens. Par ailleurs, Georges Pompidou, président de la République, lui avait accordé cette possibilité.

Et, le jour même de son décès, le sous-préfet de permanence, Christophe Hurault, confirme : « Alain Delon souhaitait être inhumé sur sa propriété. Les précautions avaient été prises de longue date en ce sens. Il avait pour cela engagé les démarches administratives – il faut notamment l'avis d'un hydrogéologue. La préfecture avait donné un accord de principe il y a plusieurs années. Mais elle ne pouvait pas délivrer d'accord par anticipation (avant son décès). Il va maintenant falloir vérifier cet accord et s'assurer, auprès de la famille, qu'Alain Delon n'a pas laissé de demandes contradictoires dans ses dernières volontés. Puis, il faudra prendre un arrêté. »

Finalement, le comédien sera bien enterré samedi 24 août dans sa chapelle privée à Douchy, comme il le souhaitait. Il sera accompagné d'une quarantaine de proches. Alain Delon avait demandé à Monseigneur Jean-Michel Di Falco de célébrer ses obsèques. Ce sera donc lui qui officiera, comme il l'avait fait pour Mireille d'Arc en 2017.

Le lien avec La Brûlerie aura duré cinquante-trois ans. Un lien immortel.
 

Édith Combe