Une jeune chercheuse d’origine orléanaise reçoit le prix Jeunes talents L’Oréal – Unesco pour les femmes et la science

04 novembre 2020

Lesly-Ann Daniel, une jeune chercheuse originaire d’Orléans, s’est vue remettre, en octobre dernier, le prestigieux prix Jeunes talents L'Oréal - Unesco pour les femmes et la science.

Lesly-Ann Daniel, chercheuse originaire d'Orléans, a reçu le prix Jeunes talents L'Oréal - Unesco pour les femmes et la science

De sa scolarité effectuée à Orléans, Lesly-Ann Daniel garde surtout le souvenir d’une professeure de physique « exceptionnelle, qui m’a donné envie de comprendre la science. Grâce à elle, j’ai su que je voulais faire de la recherche ».

À l’université, la jeune femme découvre l’informatique. Une révélation. « J’étais plutôt partie pour faire de la physique. Mais, à la différence de l’informatique, on ne sait pas forcément tout de suite si ce qu’on écrit en physique, en mathématiques, est correct. On extrapole, on fait des suppositions. En informatique, on peut tester immédiatement ses postulats sur un ordinateur. On appuie sur un bouton et hop, on sait si nos hypothèses étaient les bonnes. C’est plutôt enthousiasmant. »

Après son master Sécurité informatique, Lesly-Ann intègre l’École nationale supérieure (ENS) de Rennes. « J’ai dû lutter pour me mettre à niveau car je n’avais pas fait de classe préparatoire. Mais ça m’a permis de découvrir beaucoup de choses… »

Tellement de choses que la jeune scientifique poursuit sur sa lancée et se lance dans un doctorat au Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) de Saclay. « Je développe des outils pour détecter les failles de sécurité dans des logiciels cryptographiques. Certains pirates analysent le temps que met un programme à s’exécuter. En mesurant le temps de réponse du programme, on peut décoder des données confidentielles. C’est un peu comme quand, dans les films, on voit des cambrioleurs écouter un coffre-fort avec un stéthoscope pour trouver la combinaison. Je m’assure donc que le coffre n’émet aucun bruit… »

Ses travaux récompensés par la Fondation L’Oréal et l’Unesco

Ses recherches ont été remarquées par la Fondation L’Oréal et l’Unesco qui lui ont remis le prix Jeunes talents France L’Oréal - Unesco pour les femmes et la science. Cette récompense, c’est à son encadrant qu’elle la doit, comme elle l’avoue humblement : « C’est lui qui m’a poussée à postuler ! Quand on m’a appelée pour m’annoncer que j’allais recevoir ce prix, j’ai cru que c’était du démarchage téléphonique pour inciter les jeunes chercheurs à postuler ! C’est vraiment une surprise incroyable. Je ne réalise toujours pas… »

Une dotation qui va lui permettre d’acheter du matériel et d’organiser, dès que le contexte sanitaire le permettra à nouveau, des visites de laboratoires à l’étranger, histoire de présenter son travail et de se nourrir d’échanges avec d’autres chercheurs. Et, pourquoi pas, décrocher un post-doc ! C’est aussi l’occasion pour elle, qui n’a pas forcément suivi la voie dite royale (classe préparatoire) de se « rendre compte du chemin parcouru et de la qualité de mon travail. C’est vraiment gratifiant. Ce prix me permet aussi d’acquérir une petite notoriété dans le milieu ! »

Ce prix est également une opportunité pour elle de dire aux jeunes filles que l’informatique est une science dans laquelle on peut s’épanouir en tant que femme : « Je veux casser les stéréotypes qui laissent à penser que l’informatique serait réservée aux hommes. Je n’ai jamais ressenti la moindre discrimination dans ce domaine. » Et Lesly-Ann d’inviter les jeunes filles à se lancer : « J’encourage vraiment les jeunes femmes  à s’orienter vers les métiers de l’informatique. C’est un milieu très créatif ! »

Mélanie Potau

Le prix Jeunes talents France L’Oréal - Unesco pour les femmes et la science

La Fondation L’Oréal, aux côtés de l’Unesco, soutient chaque année de jeunes chercheuses dans le monde. En France, vingt doctorantes et quinze post-doctorantes sont récompensées par les membres du jury de sélection de l’Académie des sciences. Depuis sa création en 1998, le programme L’Oréal - Unesco pour les femmes et la science a accompagné et mis en lumière plus de 3 000 femmes scientifiques. Si les femmes représentent aujourd’hui 28 % des chercheurs, le plafond de verre reste particulièrement persistant dans le domaine de la recherche : près de 90 % des postes à responsabilités dans le secteur de la recherche sont occupés par des hommes.

Faire croître la part des femmes en science est un véritable enjeu de société. Cette sous-représentation dépasse la simple question de l’égalité homme-femme car elle a un impact très concret sur la qualité de la recherche et sur l’innovation. On sait désormais que le manque de mixité dans la recherche médicale sur la santé des femmes  a notamment conduit à leur moins bonne prise en charge lors du développement de maladies cardiovasculaires. Aujourd’hui, le même constat est à faire du côté de l’intelligence artificielle, alors que ces algorithmes reproduisent des stéréotypes de genre, car ils ont été conçus par et pour servir des hommes.

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